Un homme, une femme, aujourd’hui. Une Européenne, un Africain, l’histoire de 2 solitudes qui se rencontrent, se révèlent à elles-mêmes l’espace d’un instant qui pourtant les bouleversera.

Conception: Silvia Barreiros
Texte: Julien Mabiala Bissila
Mise en scène: Andrea Novicov
Librement inspiré de « Une Journée Particulière » de Ettore Scola - Creaction Compagnie Apsara Genève

Silvia Barreiros - directrice de la Compagnie Apsara – Genève - rencontre Nicolas de Dravo Houénou, comédien béninois, au Festival International de Théâtre de Béjaïa en 2013. Suite à cette rencontre, elle a l’idée de s’inspirer du film Une journée particulière d’Ettore Scola. Selon elle, situer cette création en Afrique et attribuer les rôles de Boulass (Gabriele dans le film de Scola) et celui du gardien à des comédiens africains, donne une toute nouvelle lecture à ce monument du cinéma. « Il était tout d’abord primordial que la rencontre entre les participants suisses et béninois se fasse sur le sol africain, pour que nous puissions aller à leur découverte - sur le plan social, humain et artistique - tout comme le fait dans la pièce le personnage de Delphine, une Suissesse expatriée en Afrique. C’est pourquoi une première phase de travail a eu lieu à l’Institut Français de Cotonou qui nous a aimablement mis un espace à disposition. Là, nous avons répété, puis nous avons donné deux représentations à Cotonou et à Parakou. Une seconde phase de création a eu lieu en Suisse, avant la Première le 29 mars 2016 au Théâtre du Galpon, à Genève. »

L’histoire de deux solitudes qui se rencontrent...

« On finit toujours par se conformer à la mentalité des autres... même quand ils se trompent »
« C’est la chose la plus grave: que tu cherches à paraître différent de ce que tu es... qu’ils
t’obligent à avoir honte de toi-même ».

(Extrait des dialogues du film Une Journée Particulière)

Zokwezo s’inscrit dans le contexte d’un régime totalitaire imaginaire. Delphine est une femme au foyer délaissée par un mari volage. Mère de quatre enfants, aujourd’hui adultes, elle se retrouve seule face à elle-même. Boulass, lui, n’a pas de famille, homosexuel et hacker, activiste dissident, il est obligé de changer constamment de domicile pour fuir les forces de l’ordre.

Leur rencontre n’aurait jamais eu lieu sans l’absence de leurs concitoyens, tous partis assister aux festivités pour l’anniversaire de l’indépendance de la Nation. En prenant pour cadre cette journée du grand défilé militaire, la pièce sonne comme un avertissement: les progrès de nos sociétés en matière d’égalité depuis la fin de la seconde guerre mondiale sont aujourd’hui remis en question par des mouvements conservateurs et populistes. Malgré les acquis, le chemin vers une pleine égalité est encore long.

Les forces réactionnaires, dont on a pu entendre les voix lors des manifestations contre la loi sur le « mariage pour tous » récemment en France, sont encore légion.

Zokwezo constitue une formidable réponse à tous ceux qui cultivent aujourd’hui encore une nostalgie de l’époque où les femmes restaient à la maison, et où les homosexuels vivaient cachés. Cette création met en scène la rencontre, improbable et magnifique, entre ces deux êtres que tout semble séparer.

La nature du rapport qui va naître entre Boulass et Delphine est complexe et puissante. Leur chemin l’un envers l’autre est à la fois nécessaire et ambivalent. C’est un chemin intérieur spontané et « physique ». Celui de la sensualité qui, l’espace d’un moment, leur permettra tour à tour l’espoir ou l’oubli. Tout cela exige de l’acteur un abandon total.

Photo